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Quand Kyrgios me fait penser à mon… père

Il est, à mes yeux, le meilleur joueur du monde. Sur un match.

Depuis toujours, j’ai, je l’avoue sans honte, une réelle affection pour Nick Kyrgios.

Je trouve ce joueur tellement atypique, tellement différent qu’il m’a intéressé dès la première fois que je l’ai vu.

Mais, si sa faconde m’a interpellé, c’est surtout le niveau de son jeu qui m’a sidéré.

Je n’ai pas peur de le dire, depuis des mois, voire une ou deux années, je ne me prive pas de dire, en privé, que, pour moi, il est probablement l’un des meilleurs joueurs du monde, si pas le meilleur.

Attention: ne criez pas tout de suite. Ne me vouez pas aux gémonies. Car, tout de suite, j’ajoutais: il est l’un des meilleurs du monde, voire le meilleur, sur UN match.

Donc, non, bien entendu, sur l’ensemble d’une carrière, d’une saison, ou même d’un tournoi, Nick Kyrgios n’est pas meilleur que Federer, Nadal, Dkokovic, et d’autres mais, sur un seul match, il peut battre tout le monde.

Quand il le veut – et hélas! il ne le veut pas assez souvent – il est sidérant car son bras est l’un des plus rapides du circuit. Car, aussi, son approche du jeu peut désarçonner n’importe qui, même le Big 3.

Si j’osais, et je vais oser, je comparerais Kyrgios à mon papa.

Mon papa ne savait pas bien jouer au tennis, il a été au mieux C30.2.

Mais il avait un jeu si particulier que ses adversaires perdaient parfois les pédales car, bien meilleurs que mon paternel, ils ne savaient jamais ce que ce dernier allait leur envoyer comme balle.

La grande différence entre papa et Nick, outre le niveau, c’est que mon papa, bien souvent, ne savait pas lui-même ce qu’il allait faire de la balle :-)

Kyrgios, lui, bien entendu, il le sait. Mais son esprit est tellement facétieux que l’adversaire peut s’attendre à tout, à tout moment.

Et je ne parle pas uniquement de ses services par le bas, Michael Chang en a fait bien avant lui, en 1989 à Roalnd Garros face à Lendl par exemple.

Non je parle de la position de son corps qui peut donner l’illusion qu’il va jouer à droite alors qu’en fait, il va jouer à gauche. Ou à droite, d’ailleurs parce que, avec son poignet, avec son long bras d’échalas, il peut modifier sa décision à la toute dernière milliseconde.

Dans un tout autre style que lui, Nick Kyrgios me fait un peu penser à Miloslav Mecir. Lequel était plus classique dans son approche technique mais capable, sur un match – et même plus sur un set – de confondre n’importe quel adversaire, dont par exemple… Ivan Lendl.

Je me souviens d’un match à Bruxelles (ou Anvers, je ne sais plus) où il s’était moqué de son compatriote, avant de s’incliner en trois sets. En fait, après avoir démontré pendant 6 ou 7 jeux qu’il était meilleur que son rival, Miloslav pouvait laisser tomber, estimant qu’il en avait fait assez.

Kyrgios est pareil. Il se fixe des objectifs mais n’a pas (encore?) envie de tout consacrer à son sport.

Il peut, après ce Wimbledon, disparaître pendant plusieurs semaines et revenir à l’US open, avec de nouvelles ambitions.

Mais ce Wimbledon peut aussi le transformer. Il va peut-être se dire que, finalement, c’est assez grisant d’être au sommet du monde tennistique.

Nul ne sait encore ce qu’il adviendra de l’Australien après dimanche.

Et lui-même ne le sait pas non plus, d’ailleurs.

Ce que j’espère, en tous les cas, c’est que ce diable d’Aussie conservera sa folie.

Qu’il la canalisera un peu, mais sans la brimer.

Tout un art.

Il en est capable.