Le tennis, ce sport d’opportunités (encore et toujours)
Ceux qui ont la chance (ou pas 😉 de lire ce blog depuis des années savent que j’aime rappeler régulièrement ce que Thierry Van Cleemput affirme lui aussi depuis des lustres : le tennis est un sport d’opportunités.
Ces dernières se présentent de temps en temps devant la raquette d’un joueur et il est nécessaire que ce dernier profite de ces portes ouvertes et ce, même si l’ouverture est discrète. Parfois, ces opportunités se présentent d’elles-mêmes, parfois – souvent – il faut les forcer
Pour y parvenir, il faut évidemment travailler comme un forcené et, surtout, continuer à y croire.
Vous le savez, le tennis d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier et, sans exagérer, on peut affirmer qu’outre quelques monstres, les joueurs classés entre la 20e et la 250e position sont tous capables de réaliser un exploit.
Le tout, précisément, est d’arriver à le faire quand une belle … opportunité se présente.
Ainsi, en 2012, alors qu’il avait été battu au dernier tour des qualifications de Roland Garros, David Goffin a été repêché comme lucky loser. Il s’agissait d’un coup de pouce de Dame Chance que David a saisi avec brio pour atteindre les huitièmes de finale et commencer la carrière incroyable que l’on connait.
Dimanche, après être sorti des qualifications, Zizou Bergs a lui aussi réussi à saisir une incroyable opportunité. Mais, lui, il l’a saisie en deux temps.
Malmené par… lui-même – bien plus que par son rival – il a été mené 6-3 5-2. Il ne jouait pas bien mais, contre vents et marée, il est parvenu, dans la tornade qui occupait son esprit, à déceler une petite éclaircie. A savoir que, confronté à ses propres tourments, il a eu la clairvoyance de se rendre compte que ce n’était pas Tabilo le problème, mais lui-même. Mieux, il a vu que le Chilien, en réalité, n’était pas tellement mieux mentalement que lui et, plutôt que de geindre et de s’énerver comme il l’aurait fait de son propre aveu il y a encore quelques mois, il s’est concentré sur lui-même. A réussi à renverser la vapeur pour finalement dominer la fin du match.
Zizou, dimanche, a été incroyable car il a lui-même créé, je le répète, l’opportunité d’aller plus loin dans le tournoi.
Mais, car il y a évidemment un mais, maintenant que la tête de série qui se trouvait dans son tableau est dehors, il va forcément jouer un joueur qui, sur papier, est à sa portée. Et, de fait, Maximilian Martener est tout à fait à la portée de Zizou Bergs.
Ce qui constitue une bonne nouvelle – jouer le 99e joueur mondial au 2e tour d’un Grand Chelem c’est plutôt pas mal – mais pourrait aussi être un piège. Zizou, en effet, sera le favori de cette rencontre. Il devra donc, d’une part, entrer dans le match beaucoup plus vite qu’il ne l’a fait dimanche et, ensuite, il devra accepter d’être éventuellement mis sous pression par cet Allemand qui a été Top 50.
Il en a évidemment les possibilités mais, pour Marterer aussi, il s’agit d’une belle opportunité. Diantre, jouer le 104e mondial au 2e tour d’un Grand Chelem…
60% pour Zizou, à mes yeux.
Pour revenir au Chilien Tabilo, je préciserai aussi que son compatriote Jarry, finaliste à Rome et tombeur de Tsitsipas, n’a pas non plus réussi à gérer la pression d’être estampillé par d’aucuns outsider ou coupeur de tête potentiel de ce tournoi de Roland Garros. Quatre petits sets face à Corentin Moutet et le French était terminé…
Et je pourrais aussi évoquer un autre Français, Arthur Fils, vainqueur à Bordeaux et…. battu en quatre sets au premier tour par Matteo Arnaldi.
Ce qui m’amène à l’adversaire du jour de David Goffin, le jeune Français Giovanni Mpetshi Perricard. A 20ans, il vient de remporter son premier tournoi ATP à Lyon et a fait un bond au classement mondial puisqu’il est désormais 66ème.
Sur papier, il part évidemment avec les avantages des pronostics, d’autant qu’avant Lyon, il s’était imposé aux Challengers de Morelos et Acapulco. Mais, attention, ces deux tournois se jouaient sur dur. A Rome, pour son retour sur terre, il a été sorti d’entrée par Grégoire Barrere. Le joueur de Germain Gigounon a même remis le couvert la semaine suivante à Bordeaux, disposant à nouveau de son compatriote sur un double 6-4.
Cela pour dire que, très franchement, je pense que David ne sera pas un oiseau pour le chat hexagonal. Il peut – et doit – croire en ses chances. Certes, ses références récentes face aux joueurs du Top 100 sont tout sauf encourageantes mais, comme il l’a dit lui-même vendredi dernier : « à Paris, on joue avec son cœur. Ce n’est pas le tennis qui compte. »
Paris où David a vécu de biens beaux moments, dont un quart de finale face à Dominic Thiem.
Je donne donc 45% de chances à Goffin, à condition qu’il entre, comme devra le faire Zizou, dans le match avant le deuxième ou troisième set.
A condition, aussi, de relever la tête comme il a su si souvent le faire et de démontrer à tous ceux qui le critiquent ouvertement sans ménagement que le tennis, oui, est un sport d’opportunités et que, cette fois encore, il va tout faire pour la saisir.