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Ode à Yanina et Joris

Pas de panique, je ne vais pas réellement me lancer dans un poème lyrique mais je trouve que Yanina Wickmayer et Joris De Loore le mériteraient.

Je connais Yanina depuis longtemps et j’ai toujours éprouvé énormément de sympathie et de respect pour cette joueuse. Ceux qui me lisent depuis longtemps se rappelleront sans doute que je n’ai pas toujours été tendre avec Yanina et ils auront raison. En réalité, elle m’énervait et, comme souvent, on se montre parfois plus dur avec des joueurs pour lesquels on a une affection certaine.

En fait, je l’apprécie tellement qu’il est vrai que je me suis montré parfois très dur avec elle. Surtout lors de sa première carrière quand elle changeait un peu trop souvent de coach et, surtout, qu’elle refusait de changer de tactique quand les choses n’allaient pas bien.

Pourtant, aussi curieux que cela puisse paraître, Yanina est tout à fait capable de jouer autrement qu’en force et son jeu est plus complet qu’il n’y paraît parfois. Ses succès en double témoignent d’ailleurs de sa capacité à jouer autrement qu’en puissance.

J’ai aussi toujours été impressionné par le physique de Yanina qui, à mes yeux, est l’une des réelles athlètes du circuit. Son statut de maman n’y a d’ailleurs rien changé.

Cela étant, je dois à l’honnêteté de dire aujourd’hui que je ne croyais pas du tout à son retour.

J’avais en effet peur qu’elle ne revienne pas pour les bonnes raisons (comme Kim Clijsters à son deuxième retour ou Justine Henin à son premier). Je craignais aussi qu’elle se lasse assez vite du circuit et que sa fille lui manque.

C’est dire que quand elle a repris les compétitions en février 2022, j’étais particulièrement dubitatif.

Je le suis resté quelques mois, malgré de relatifs bons résultats en 25.000, comme sa finale à Kiryat en mai ou sa qualification à Wimbledon.

De semaine en semaine, elle n’a pourtant cessé de progresser et le fait de jouer simple et double lui a été tout à fait bénéfique avec un premier titre en tant que maman lors du tournoi de Séoul en septembre 22 aux côtés de Kristina Mladenovic.

Reste que, fin 2022, début 2023, mes doutes étaient toujours bien présents. 323e mondiale, Yanina ne me donnait pas l’impression de pouvoir y arriver.

Je me trompais.

Depuis le début de la saison, Yanina n’a eu de cesse de me surprendre en enchaînant les bons résultats.

A Roland Garros, je me souviens être à coté d’elle à sa sortie du terrain qui l’avait vue perdre au deuxième tour des qualifs. Toujours très digne, très droite, elle a répondu aux questions sans sourciller. Elle était déçue mais il émanait d’elle une force tranquille qui, je dois bien le dire, m’a impressionné.

Dieu sait pourtant que j’ai croisé pas mal de joueuses et de joueurs mais, ce jour-là, déjà, j’avais eu envie d’écrire tout le bien que je pensais d’elle.

Je le fais aujourd’hui et je dis très sincèrement à Yanina que ce retour dans le Top 100 est, à mes yeux, une performance de haut vol. A 33 ans, Wickmayer démontre, comme d’autres avant elles mais elles ne sont pas si nombreuses, que la maternité n’empêche pas le sport de haut niveau.

Elle démontre aussi être capable de poursuivre un objectif et de tout faire pour y arriver. Son rêve, on le sait, est d’aller aux Jeux de Paris. Vu sa progression actuelle tant en simple qu’en double, elle peut très réellement y croire.

J’irai même plus loin: elle le mérite.

Un seul commentaire, en fait, pour Yanina: Chapeau bas, Madame!

Joris De Loore (BEL) during the match ATP Challenger Roma Garden Open 2023 Mens’S Singles Semifinals on April 29,2023 at Garden Tennis Club in Rome, Italy (Photo by Roberto Bettacchi/LiveMedia/LiveMedia/Sipa USA)

Je connais aussi Joris depuis très longtemps et je me souviens avoir été en camp d’entraînement en Espagne avec lui (et tant d’autres).

Comme Yanina, Joris est un véritable athlète. Hélas!, il a été marqué par les blessures et n’a pas pu jouer aussi souvent qu’il ne l’aurait désiré. Il a même été absent du circuit de novembre 2018 à juillet 2021!

Comme Yanina, il a cru en son talent. Il a cru en ses capacités. Et il s’est remis à l’ouvrage. Et, comme Yanina, il a recommencé dans les tournois ITF, de 25.000 dollars.

En août 2021, il pointait à la 1855e place mondiale.

Deux ans plus tard, jour pour jour, il est 164e mondial, son meilleur classement! A 30 ans.

Là aussi, il n’y a qu’un seul commentaire: Chapeau bas, Monsieur!