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Mai 1989, mai 2023, Roland Garros, une histoire, aussi, de famille

Mai 1989. Mai 2023.

Souvenirs, souvenirs.

C’est en 1989 que j’ai foulé pour la première fois les allées de Roland Garros.

Cerise sur le gâteau, j’y allais pour travailler.

Enfin, travailler est un grand mot. Je n’ai jamais eu la sensation d’être au travail lorsque j’avais la chance de couvrir un événement sportif majeur.

J’étais tellement heureux que je n’ai pu retenir une larme… (voire plusieurs).

Deuxième cerise sur le gâteau, le premier match complet que j’ai vu à Roland Garros était un certain – mais oui ! – Chang – Lendl.

Commencer sa carrière journalistique internationale par ce duel homérique, c’est comme si un jeune collègue la commençait aujourd’hui avec un duel entre Alcaraz et Djokovic.

Troisième cerise sur le gâteau, en 1988, j’avais écrit dans la DH que je voyais bien Chang gagner son premier Grand Chelem avant Andre Agassi ;-)

Roland Garros.

Mon premier souvenir de Roland Garros remonte à bien plus longtemps que cela, évidemment.

Car Roland Garros, quand j’étais encore gosse ou adolescent, me permettait de voir régulièrement mon papa médecin. En temps ‘normal’ – hors RG, quoi ! – je ne le voyais pas souvent. Il se levait avant moi, se couchait après et ne faisait que courir.

Mais, pendant Roland, mon père passionné, sortait très régulièrement de son cabinet, laissait ses patients quelques minutes et s’asseyait près de moi, dans le divan du salon. Et il commentait les matches.

Un pur bonheur dont l’importance grandit d’année en année.

Moi, j’ai toujours aimé les joueurs dit défensifs. Je me délectais donc des matches de Harold Solomon (c’est à lui que je dois ma passion du lob), de Guillermo Vilas et, bien entendu, de Bjorn Borg.

Il a fallu attendre l’arrivée de John McEnroe pour que j’aime – enfin – les joueurs offensifs, même si je dois bien dire que j’ai, encore et toujours, un faible pour ceux qui préfèrent le fond de terrain à ceux qui virevoltent au filet.

Outre ce Chang – Lendl, mes souvenirs in situ sont surtout faits de Belgitude. Ma plus grande émotion, c’est à Dominique Monami que je la dois. Nous étions déjà – et sommes toujours – de très grands amis. Elle venait de perdre sa maman et reprenait la compétition à Roland. Premier tour face à Linsay Davenport, deuxième joueuse mondiale. J’ai pu – ce qui est inconvenant pour un journaliste ;-) – suivre ce match dans sa box et je dois bien dire que cette victoire et le sourire radieux de Dominique se tournant vers nous restera à jamais dans ma mémoire.

Trois ans plus tôt, en 1997, on a sans doute vécu le Grand Chelem le plus fou pour les journalistes belges d’avant l’ère Henin – Clijsters.

Non seulement Filip Dewulf a généré une hystérie un peu folle tant à la Porte d’Auteuil qu’en Belgique en atteignant les demi-finales, mais, dans le même temps, Olivier Rochus a atteint la demi-finale du juniors et la très  jeune Justine Henin s’imposait en juniores. J’ai eu la chance de commenter les matches de Filip pour la RTBF et, 26 ans après, je reste fasciné par son parcours et plus encore par celui de 1998…

En dehors des Belges, j’ai quelques matches qui m’ont marqué à titre très personnel. La défaite d’Agassi face à Andres Gomez en 1990 m’a meurtri, celle de l’année suivante (alors qu’il menait deux sets à un) contre Jim Courier n’a fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie pas encore tout à fait refermée.

Heureusement, en 1999, le Kid de Las Vegas s’imposait enfin, 6-4 au dernier face à Andrei Medvedev.

 Je me souviens très bien aussi de cet insolent Jimmy Connors qui voulait, réellement, botter les fesses de Michael Chang deux ans après son sacre de 89. Il a tout donné juste pour ne pas être battu et, alors qu’il menait d’un quinze dans le dernier set, il fut contraint d’abandonner… Mais il n’avait pas été battu…

Souvenirs, souvenirs…

J’en ai tellement que je ne vais pas vous les énumérer ici. Vous serez sans doute surpris que je ne parle pas des succès de Justine ou des parcours de Kim. En fait, j’ai arrêté de voyager pour le boulot après les JO de Sydney et la finale de Fed Cup à Las Vegas en 2000….

Arrêter de voyager avant l’ère Henin – Clijsters, fallait le faire exprès ;-)

Heureusement, avant d’arrêter, j’avais eu la chance d’amener mes parents dans ce stade qui m’a tellement apporté (la photo est celle de ma maman et de Dominique Monami, je pense lors d’un Ethias Trophy)

Par contre, hors terrain, les plus beaux de mes souvenirs se sont écrits, l’un il y a quatre ans, l’autre il y a deux jours..

En 2019, je me suis en effet rendu à Roland Garros avec mon épouse mais, aussi, mes deux enfants, nés en 1990 et 1992. J’avais déjà été avec mon aîné, passionné de tennis qui a été série B et travaille à Paris, mais le « petit », médecin de son état – comme son grand papa du début de cet article (et aussi son autre), y venait lui, avec sa fiancée, pour la toute première fois.

Enfin, non, pas tout à fait.

Car, en 1992, il était déjà venu…

…dans le ventre de sa maman.

Et figurez-vous que, mais oui!, mon premier petit-enfant, en ce mois de mai 2019, était dans le ventre de sa maman, la fiancée de mon cadet, lors de cette première visite à Roland…

Ils m’ont annoncé le soir que j’allais être grand-père pour la première fois.

Le petit Eliott est né et, depuis, il a un petit frère, le petit Oscar.

Et ce n’est pas tout. Il y a deux jours, j’ai retrouvé mes deux fils à l’occasion de ces qualifs de Roland Garros. Et, vous savez quoi? Mon aîné, celui qui a été série B et qui habite à Paris, m’a annoncé à quelques mètres de Roland que… mais oui, j’allais être grand-papa pour la troisième fois. Quant à son frère, le médecin, il habite lui aussi pour le moment à Paris. Son appartement? A 300 mètres du stade!!!!

Roland Garros, une véritable histoire de famille.

NB: ce texte est une version adaptée pour les circonstances d’un post de 2019.