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Roland Garros est plus fort que Rafaël Nadal

Vous le savez, et même parfois certains me l’ont reproché, je suis un grand fan de Rafaël Nadal . Par contre, si je suis évidemment désolé que l’Espagnol ne soit pas à Roland Garros cette année, je ne suis pas de ceux qui disent : « un Roland Garros sans Nadal, ce n’est pas un Roland Garros ».

Je m’inscris en faux par rapport à cela car, à mes yeux, quel que soit le niveau d’un joueur, quelle que soit la marque qu’il a laissée ou qu’il laisse dans un tournoi, quel que soit le nombre de fois qu’il s’est imposé dans une compétition, ce joueur ne sera jamais plus fort qu’un tournoi comme Roland Garros.

Mon âge m’a permis de voir – en vrai ou à la télé – des matches avant l’ère Nadal-Djokovic-Federer, avant l’ère Agassi – Sampras, avant l’ère Borg-McEnroe (eh oui). Et, même en l’absence de ce magnifique joueur, lauréat à quatorze reprises, ce Roland Garros aura pour moi la même saveur que tous ceux que je regarde depuis que je suis tombé dans la marmite du tennis.

J’aime la terre battue, j’aime les glissades sur cette surface, j’aime les duels homériques qu’elle engendre.

J’adore Roland Garros car ce tournoi est, comme pour beaucoup de Belges, celui qui m’a bercé lors de mon enfance quand je restais des heures durant devant la télévision. J’écoutais avec bonheur les commentaires, de Jean-Pol Loth en France ou, sur la RTB – qui n’était pas encore affublée de cet horrible F – Michel de Ville. Lequel me faisait sourire affectueusement quand il précisait systématiquement, à 3-3: « le 7e jeu, le plus important. »

J’aime Roland car, comme je l’ai écrit cette semaine, il me permettait de passer du temps avec mon papa qui oubliait ses patients pour suivre avec moi les matchs sans fin avec les Borg, Vilas et autres terriens extraordinaires.

J’aime Roland car il me permet de me souvenir de ces quelques années de rêve pendant lesquelles, avec mon ami Benoit Liénard, je commentais les matches pour la RTBF (oui le F était apparu entre temps). Des souvenirs de dingue comme ce jour de finale et de Doudou lorsque le Chinchin qu’il est m’a apporté un crin du dragon à une minute seulement du direct.

J’aime Roland Garros parce que j’ai grandi sur terre et que le joueur qui j’étais n’aurait jamais pu être bon (tout est relatif :-) sur une autre surface. Si mon blog s’appelle amortie et lob, il y a en effet une raison.

J’aime Roland Garros car quand j’y allais dans le début des années 90, il y avait assez peu de journalistes belges et que l’on pouvait plus facilement approcher les joueurs (ah, ces fous rire avec les Van Herck, Goossens, Dewulf, Van Garsse).

J’aime Roland car j’y ai vu Bart Wuyts battre Guy Forget en trois sets (6-3 6-3 6-3) et que j’y ai entendu le Français dire ensuite: « c’est pas possible de perdre contre un joueur qui sert moins fort que ma grand-mère. »

J’aime Roland Garros car je m’y suis fait des amis sincères, comme Yves Simon, un super journaliste et un homme merveilleux à qui je dis ici: « oui, nos échanges et nos rires me manquent« .

Comme Christine Hanquet avec qui, c’était une sorte de tradition, j’allais manger un bout la deuxième semaine. Nos échanges réguliers me manquent aussi Christine. Même si je sais que, pour toi, fan absolue de Rafa, ce Roland aura moins de saveur et que tu ne seras pas d’accord avec mon article du jour.

J’aime Roland Garros car j’y ai vu Filip Dewulf aller en demi et en quart. Filip dont l’humilité me sidère à chaque fois que je le croise, comme hier par exemple quand on a échangé quelques mots. Filip était un joueur extraordinaire, il est un chroniqueur réellement excellent et une personne profondément humaine. Je suis moins proche de lui que d’Yves ou Christine mais qu’il sache que je lui voue, si pas un culte, une profonde admiration.

Et il y a Arnaud, aussi, qui nous manque à tous et bien d’autres, aussi.

J’aime Roland Garros car deux de mes petits enfants m’y ont été annoncés par mes deux enfants.

J’aime Roland Garros.

J’aime Roland Garros car il a rythmé ma vie. Il rythme ma vie.

Et il rythmera ma vie.

J’aime Rafaël Nadal, je le répète mais il n’est pas plus fort que Roland Garros.

Même s’il correspond parfaitement à la maxime énoncée par l’aviateur: « la victoire appartient au plus opiniâtre! »

Bonne quinzaine!

PS: je n’ai volontairement évoqué que des joueurs et pas des joueuses (ce n’est pas du machisme, c’est parce que j’évoquais Rafa ;-)

PS2: pour suivre: mes étoiles!