Retour

Justine, Stefanos et Wimbledon

Je ne sais pas vous, mai je trouve que le monde du tennis se nourrit depuis quelques mois de polémiques qui font que l’on parle davantage de ces dernières que de sport.

Je ne vais pas revenir sur la période covid qui a généré son lots de plaintes un peu de mauvais aloi de la part de certains joueurs et certaines joueuses.

Je ne vais pas non plus vous reparler de l’épisode Djokovic à Melbourne, je pense que tout ce qui pouvait en être dit l’a été.

Cette semaine, ce sont trois autres sujets qui ont retenu mon attention: Wimbledon, bien entendu, Stefanos Tsitsipas qui a avancé qu’il n’y avait plus de Big Three et Justine Henin qui réclame plus de sévérité envers les joueurs colériques.

Wimbledon, donc, a décidé d’exclure les joueurs et joueuses russes et biélorusses pour les raisons que vous connaissez. Ce blog n’a pas vocation à parler de politique et je ne vais donc pas commencer aujourd’hui.

Par contre, quelle déplorable image que ce tennis international qui parle avec tant de voix différentes et, par trop souvent, dissonantes: ATP, WTA, ITF, Les Grand Chelem (mais qui, donc, ne sont pas toujours solidaires entre eux), Coupe Davis, Rod Laver Cup, etc…

J’ai déjà écrit ici tout le mal que je pensais de la réforme de la Coupe Davis et tout le mal que je pense de la Rod Laver Cup qui n’est pas étrangère à la disparition de l’esprit Daviscup.

Aujourd’hui, avec cette affaire de Wimbledon, on touche encore le fond car la simple logique aurait voulu, à tout le moins, que tous les Grand Chelem prennent la même attitude, si possible en accord avec l’ITF, l’ATP et la WTA. Encore une fois, je ne dis pas que cette décision est bonne ou mauvaise, je dis qu’elle n’a aucun sens si elle n’est appliquée que dans une compétition. Mais mon ami Yves Simon me signale que la LTA a suivi Wimbledon et, en Grande-Bretagne au moins, il y aura une certaine cohérence.

On sait évidemment que les dirigeants de Wimbledon ont toujours estimé que leur tournoi était à part – et il l’est! – et qu’ils n’avaient rien à demander à autrui au moment de prendre une décision, mais, cette fois, très franchement, leur décision unilatérale est contreproductive pour le tennis.

(J’ajouterai qu’à titre personnel, j’ai toujours été contre la prise en otages de sportifs pour des raisons politiques.)

Dans un tout autre registre, Stefanos Tsitsipas a quelque peu énervé les internautes en disant, après son magnifique succès de Monte Carlo, que le Big Three n’existait plus.

En réalité, si je peux comprendre certaines réactions, je ne peux pas dire que le Grec ait complètement tort.

Il aurait cependant dû s’exprimer autrement.

En fait, le tennis masculin n’est plus – c’est un fait – archi dominé par le trio Djokovic – Nadal et Federer et ne devrait d’ailleurs plus l’être dans les mois et années à venir.

Par contre, et c’est un fait aussi, le Big Three restera à tout jamais dans l’histoire du tennis puisque, même dans 50 ans, on continuera à en parler. Je dis 50 ans volontairement car lors du Grand Départ du Tour de France à Bruxelles en 2019, on fêtait les 50 ans du premier succès sur le Tour du Cannibale. Oui, j’ai bien écrit Cannibale alors qu’Eddy n’a plus gagné de courses depuis belle lurette. Mais il n’en demeure pas moins vrai qu’il est bel et bien resté – restera toujours – le Cannibale.

Tout comme le Big Three restera le Big Three.

Par contre, les vierges effarouchées qui s’offusquent de la sortie de Tsitsipas, ne devraient quand même pas trop se fâcher puisque la plupart d’entre elles n’ont eu de cesse, pendant des années, de parler de Big Four avant de se rendre compte qu’en réalité, Andy Murray n’avait pas exactement le même statut que ses honorables collègues.

Du jour au lendemain, on a arrêté de parler de Big Four sans que cela ne pose le moindre problème à quiconque.

Je termine avec les propos de Justine Henin qui s’est un rien lâchée sur Eurosport:

« Avec des attitudes vulgaires et violentes, vous atteignez ma limite. Nous devons réagir. Nous espérons que des actions concrètes seront prises pour mettre fin à ce comportement extrême. Vous ne pouvez pas crier sur un arbitre. Et c’est un vrai problème si vous cassez une raquette et que les morceaux volent presque jusqu’à un ramasseur de balles. D’accord, vous pouvez être épuisé et frustré. Mais ce que Zverev faisait là-bas… nous ne pouvons plus le revoir. Ce qu’il fait est intimidant. Cela devrait être puni beaucoup plus sévèrement! Casser une raquette, ce sont des images qui n’ont pas leur place à la télévision. Les meilleurs athlètes devraient être des modèles »

Je comprends les propos de Justine mais je ne les partage pas entièrement.

Evidemment que tout acte violent volontaire doit être sanctionné. Par acte volontaire, j’entends une raquette volontairement jetée sur un tiers, ou un coup de poing. Je pense aussi que les joueurs doivent respecter les arbitres.

Par contre, des comportements démonstratifs et non violents à l’égard de tiers, ne me semblent pas devoir être lourdement sanctionnés.

Il est vrai que je suis né – tennistiquement – avec la génération des Connors et McEnroe et que, comparé à ces deux-là, même Zverev me semble être un agneau.

Il faut évidemment que le tennis conserve son statut de sport digne mais en tout, il faut raison garder.

Et, pour que les joueurs aient un comportement digne, il faudrait dans un premier temps que les dirigeants se rendent compte que la cacophonie – et parfois l’ineptie – de leurs décisions et annonces ne donne pas forcément le bon exemple.