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« Je n’aurai rien à perdre »

En quelques mots, livrés par L’Avenir, David Goffin résume le tennis. Et son tennis, aussi.

« Face à Diego Schwartzman, confiait-t-il avant son deuxième tour, je n’aurai rien à perdre. »

Tout comme il n’avait rien à perdre contre Carlos Alacaraz, qu’il a battu.

Tout comme Gilles-Arnaud Bailly n’avait rien à perdre lors de son match contre David Goffin.

Enfin, il n’avait rien à perdre jusqu’au moment où il aurait pu gagner.

Alors, oui, évidemment, Gilles-Arnaud a fait un match plein. Il n’a semble-t-il pas trop été perturbé par le cadre de ce premier match dans un ATP 250.

On a pu apprécier son tennis, son physique et son mental de junior qui n’a peur de rien. Ou, du moins, qui n’a encore peur de rien.

Car, pour juger du mental d’un joueur, il ne suffit pas d’un seul match, ni même d’un seul tournoi.

Il faut le voir plusieurs fois. Quand il est outsider (ce que l’on a vu mardi) mais aussi – et surtout – quand l est favori.

Ce match Goffin – Bailly m’a fait penser au match Bergs – Ramos-Vinolas de 2020, toujours à Anvers.

Zizou s’était imposé.

Et, déjà, au lendemain de cette très belle victoire, on pouvait lire un peu partout, comme je l’ai lu ces mercredi et jeudi, que la relève du tennis belge était assurée.

Ben non, en fait, elle n’est pas assurée, la relève du tennis belge masculin.

Pas encore du moins.

Deux ans après sa grosse performance face à Ramos-Vionals, Zizou n’est pas dans le Top 100.

Et Arnaud-Bailly n’est pas Top 1000 (mais est 2e junior mondial)

Que l’on me comprenne bien – et ceux qui lisent régulièrement ce blog le savent : Bergs et Bailly sont de réelles promesses. Mais, avant d’affirmer qu’ils vont assurer la relève, il faut attendre encore.

Car, sur un match, la grande majorité des joueurs est capable de briller.

Mais, car il a un mais, pour prendre réellement la relève d’un David Goffin, il ne faut pas briller une ou deux fois, il faut être régulier.

Semaine après semaine, mois après mois.

Bergs, tout comme Bailly, tout comme Collignon, tout comme Onclin, tout comme Blockx (et je pourrais en citer d’autres) disposent des atouts pour atteindre le fatidique Top 100.

Hélas!, disposer des atouts ne suffit pas.

Le Top 100, c’est une lapalissade, ne compte que 100 places que tous les joueurs du monde (le tennis étant un sport pratiqué sur tous les continents) aspirent à atteindre. S’y immiscer, comme je l’écrivais il y a quelques semaines, constitue une réelle performance hors norme. Etre dans les 100 meilleurs, en football ou en basket, assure une place dans l’une des meilleures équipes du monde, ou de NBA. En tennis, cela n’assure même pas un revenu garanti car y entrer ne suffit pas. Il faut en effet y rester quelques années pour s’assurer un avenir financier.

Kimmer Coppejans, ancien numéro 1 mondial junior et ancien 97e mondial en sait quelque chose, lui qui poursuit sa quête inexorablement.

Je jeune retraité Ruben Bemelmans également et il pourra d’ailleurs se confier à son joueur Zizou Bergs, blessé et absent à Anvers.

Un joueur qui rêve depuis des mois du Top 100, qui a tout pour l’atteindre, mais qui, à 23 ans, n’y est pas encore.

Tout cela pour souligner, aussi, la force incroyable de David Goffin.

Oh, je sais, on le vilipende souvent (et il peut m’énerver moi aussi), mais, à 31 ans (il en aura 32 en décembre), il est toujours Top 100 et va terminer l’année dans ce Top 100 pour la 9ème fois d’affilée, la dixième fois en tout.

Alors, oui, il n’est plus Top 10 mais son tennis est toujours là et bien là et, sur un match, sur un tournoi, il est encore capable de battre tout le monde, comme il l’a prouvé face à Alcaraz, mais aussi d’être malmené par un joueur en devenir (Bailly) ou par un joueur expérimenté comme l’est Richard Gasquet qu’il rencontre ce soir.

C’est cela tennis. Il faut, au lendemain d’une performance, confirmer, parfois face à un plus modeste, parfois face à un cador.

Et chaque match est une histoire dont personne ne connait l’issue.

Issue qui peut être conditionnée soit par la peur de gagner, soit par le fait que l’on n’a rien à perdre…