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Et si on prenait un peu de recul?

Les esprits chagrins, de plus en plus nombreux, même en tennis, prennent parfois, souvent, un malin (?) plaisir à ne pas analyser les faits pour ce qu’ils sont.

Je ne vais pas (trop) vous reparler de David Goffin, bien trop souvent vilipendé pour ses résultats certes décevants et que certains accusent de ne plus vouloir performer. Comme si un joueur ayant été Top 10 aimait se retrouver dans des salles vides (comme à Bergame) pour décrocher des prize money 20 à 100 fois inférieurs à ceux qu’il avait l’habitude de toucher quand il fréquentait les ATP 1000?

Comme si David faisait exprès de perdre ses matches. Comme si il appréciait de devoir se battre en Challenger pour décrocher sa place dans le tableau final de l’Australian Open. Comme si, vraiment, il prenait plaisir à qu’il vit aujourd’hui.

Le problème, comme je l’écris souvent, c’est que l’on a tendance à ne regarder que les joueurs de son propre pays sans tenir compte de ce qui se passe avec d’autres ‘anciens’ ténors.

Prenons le classement ATP.

David Goffin est 104e après avoir été 7e. Un scandale?

Vraiment pas. Pas plus que de voir Dominic Thiem à la 95e, lui qui a été 3e. Pas plus que savoir que Denis Shapovalov est 102e alors qu’il a été 10.

D’autres exemples? Berrettini, ex 5e est 91. Benoit Paire, ex 18, est 124. Fognini, ex 9e, est 147. Schwartzman, ex 8e, est 108. Lucas Pouille, ex 10e est 332.

Alors oui, évidemment, tous ces cas ne sont pas semblables. Certains de ces joueurs ont été plus souvent blessés que David mais faut-il rappeler que Goffin, lui aussi, a été blessé et malade?

Donc, oui, bien entendu que l’on préfèrerait qu’il soit toujours dans le Top 50, voire dans le Top 20 mais les places, qu’on le veuille ou non, sont de plus en plus chères et le niveau moyen de plus en plus impressionnant.

Mais j’avais dit que je ne parlerais pas (trop) de David.

Prenons l’équipe de Fed Cup (oups, pardon, de Billie Jean King Cup).

Certains, là aussi, se plaisent à laisser entendre que le tennis féminin belge n’est plus ce qu’il était.

Evidemment, si on continue à évoquer la période dorée de Kim et Justine, on ne pourra plus jamais se satisfaire de ce que l’on vit. Mais est-il réellement utile de toujours se référer à ces années-là?

N’est-il pas plus opportun de vivre le présent.

Et c’est là que je vais en effet prendre un peu de recul et resituer les choses.

L’équipe belge qui s’est maintenu dans le Groupe Mondial au Dôme était privée de

  • Elise Mertens, sa meilleure joueuse en simple et en double.
  • Alison Van Uytvanck, qui s’est blessée après son retour et qui a été Top 40
  • Ysaline Bonaventure qui, Top 100, a pris, elle aussi, un peu de recul, mais va revenir en 2024. Rappelons qu’Ysaline, en BJKC, a pris par exemple la mesure de Garbine Muguruza
  • Maryna Zanevska qui, ex-62 e mondiale, a rangé sa raquette
  • Kirsten Flipkens, ex-Top 20 et excellente en double, qui a elle aussi is fin à une formidable carrière

Malgré cela, l’équipe belge est composée de deux joueuses classées dans le Top 100 en simple, de trois joueuses classées dans le Top 100 en double, d’une jeune espoir qui a été numéro 2 mondiale en juniores et d’une joueuse, Marie Benoît, qui a fait une incursion dans le Top 200 cette année.

Le Top 200, dans un sport comme le football, donnerait accès aux plus grandes équipes du monde mais, en tennis, la joueuse Top 200 est souvent décriée et est obligée de jouer dans des tournois dits mineurs, souvent dans l’anonymat.

Donc, malgré l’absence des joueuses précitées, la Belgique a battu la Hongrie et s’est maintenue dans le Groupe Mondial. J’ajoute qu’il s’en est fallu de peu pour qu’elle batte – sans Mertens – le Canada en qualifier en début d’année. Canada qui a remporté la finale de la phase finale! C’est dire qu’entre le Capitole et la roche tarpéienne…

Alors oui, évidemment, on peut et on doit espérer mieux.

Mais sans pour autant se lamenter de la situation.