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Et si on changeait d’angle de vue ? (bis, voire ter)

David Goffin a battu le numéro 1 mondial et les commentaires ont été dithyrambiques à son égard.

David Goffin a été battu par Adrian Mannarino, 51e mondial, et les commentaires – parfois émanant des mêmes commentateurs – ont à nouveau été négatifs, voire même parfois irrationnels.

Une nouvelle fois, je vais proposer à ces commentateurs de bien vouloir changer de point de vue.

S’ils étaient fan d’Alcaraz, ne l’auraient-ils pas, au soir de la défaite de ce jeune Ibère face à Goffin, critiquer car il avait osé perdre – quelle honte! – face au modeste 65e mondial?

Et si Mannarino était dans leurs petits papiers, n’auraient-ils pas salué la belle performance du Français?

En février de l’an dernier, je publiais déjà un article demandant à d’aucuns de ne jamais hésiter à, simplement, changer d’angle de vue. Voici cet article.

https://www.amortieetlob.be/wp-admin/post.php?post=4703&action=edit

Comme je dis souvent, un match, un tournoi, ne suffisent pas à jauger la forme d’un joueur de tennis.

Il faut toujours attendre quelques matches, quelques tournois avant de se faire une opinion.

Alors, oui, David a battu le numéro 1 mondial et c’est évidemment une superbe performance. Mais il faut aussi raison garder, Alcaraz, depuis l’US Open, a été particulièrement soumis à la pression des médias et les Espagnols l’ont fait traverser le monde pour qu’il puisse jouer la Coupe Davis (1 défaite, 1 victoire). De plus, il est encore très jeune et doit donc apprendre à assumer son rôle. Il n’est pas (encore), non plus, un joueur d’indoor.

Qui plus est, on sait que David, comme beaucoup de tennismen, joue plus libéré quand il est outsider ou avec moins de pression. Son parcours à Wimbledon (qui était une exhibition) en témoigne, tout comme son très beau succès face à Alcaraz.

Mais battre le numéro un mondial, si cela peut vous doper le moral à terme, ne fait pas de vous, du jour au lendemain, le numéro 1 mondial.

Et ne donne pas forcément l’étiquette de favori au lendemain de votre perf. Au contraire, même, bien souvent, la chute d’adrénaline fait que le joueur qui a brillé a laissé trop d’énergie dans son match et son après match qu’il perd le match suivant.

D’autant que David n’a pas rencontré un manchot au deuxième tour, puisque Mannarino est 51e mondial, qu’il a été 22e et qu’il a remporté Winston Salem en août dernier.

David n’était donc pas favori face au Français. Il s’agissait d’un match ouvert, que les deux pouvaient gagner. Ou perdre.

Comme David n’est pas en confiance depuis Wimbledon (son quart était une opportunité quasi unique d’aller dans le dernier carré d’un Grand Chelem) – et sa victoire face à Alcaraz était trop fraîche pour lui en donner tout de suite – il s’est incliné au terme d’un dernier set serré, comme il l’a fait face à Musetti à l’US Open (7-6 au 5e), ou face à Cameron Norrie à Wimbledon (7-5 au 5e).

Par contre, ce succès face au Number One pourrait lui être utile pendant l’entre saison.

Quand il analysera ses résultats, il pourra s’appuyer sur ce succès pour redémarrer 2023 avec davantage de conviction.

Ce qui ne garantit absolument pas que David sera plus constant qu’il ne l’a été cette année.

En tennis, dans un sport aussi riche en profondeur qu’il ne l’est aujourd’hui, les places sont chères et le Top 20 devient une gageure.

Le Top 50 un exploit.

Le Top 100 une incroyable performance.