Steve,
Zizou,
Raphaël,
Sander,
Joran,
Alexander,
David,
Ce mardi tant attendu, la Belgique rejoue contre la France en Coupe Davis.
On connaît l’histoire : 6-3 pour eux, plus de victoire belge depuis 1997.
Mais au-delà des chiffres, il y a vous. Vous tous et ceux qui vous entourent, comme autant de fils rouges dans cette histoire tennistique qui est aussi un peu la nôtre.
Steve.
Je commence par toi. Parce qu’avant d’être capitaine, tu as été ce gladiateur dont on a scandé le nom à Forest, à Gand, à Lille, partout où la Coupe Davis nous a retourné le cœur, dans tous les sens, en fonction du résultat.
Je me souviens de cet appel dont j’ai déjà souvent parlé, dans ta période de rééducation, quand ton épaule te lançait comme un rappel de tout ce que tu avais donné. Tu expliquais, tu racontais, tu ne te plaignais pas. Mais surtout — et il faut le dire fort — tu ne t’es jamais plaint et, tu n’as jamais été seul. Jamais. Autour de toi, il y a toujours eu les tiens : ta famille, ton socle, ceux qui ont serré les dents avec toi ; le staff, fidèle et discret ; les joueurs qui t’aimaient et te respectaient. Qui t’’aiment et te respectent, pourquoi diantre utiliser l’imparfait.
Aujourd’hui, tu es capitaine. Tu foules moins le court, mais tu portes tout autant. Tu trouves les mots, tu protèges, tu canalises. Et tu restes, pour toute une génération et celle qui suit, Mister Coupe Davis.
Zizou.
Tu es l’électricité, l’excès noble, le débordement qui donne des points et parfois des frayeurs. Tu rêvais de jouer enfin la Coupe Davis en Belgique, dans ton Limbourg natal, et tu y as apporté deux points magnifiques. Et pourtant, certains ne retiendront que cette fin étrange contre Garin. Mais moi, je retiens ton feu, ton courage, ta générosité.
Tu n’as pas à changer. Tu dois seulement apprendre à canaliser, pas à devenir quelqu’un d’autre. Et je sais que ta famille, ton coach, Steve, le staff, et Jean-François Lenvain feront – ou ont déjà fait – de cet épisode un levier. Tu n’es qu’au début d’une carrière immense. Et ce n’est pas un changement de côté fougueux et mal compris qui définira ton avenir.
Raphaël.
Toi, c’est différent. Tu n’as pas pu jouer contre le Chili : tu étais malade, cloué dans ta chambre alors que tu brûlais d’envie d’aider l’équipe. Mais quelques mois plus tard, en Australie, perclus de crampes, tu as battu De Minaur chez lui. Tu as qualifié la Belgique. Tu as changé la trajectoire d’une campagne entière.
Tu es Liégeois, comme David et comme Steve. Et cela se voit. Tu tombes, tu te relèves, tu refuses l’abandon. Ce soir, tu seras là. Pas enfermé dans une chambre, à ta place. Et tu donneras tout, comme toujours. Comme à Sydney, comme à l’US Open, comme à l’European Open.
David.
Toi, tu es l’orfèvre. Le joueur le mieux classé de l’histoire belge. Celui qui a offert des points que l’on considérait parfois comme acquis, alors qu’ils ne l’étaient jamais. Tu as pleuré à Gand, porté l’équipe à Bruxelles, fait rêver à Lille. Tu as vécu des sommets et des tunnels. Et tu te relèves toujours, comme à Shanghai où tu as encore battu un Top 10 alors que certains te croyaient éteint. Ou faisaient semblant de le croire tant ils sont aveuglés par leur imbécilité.
Hier, Steve a dit ce que tout le monde pense : qu’il aimerait te revoir en équipe. Et moi aussi. On sait que tu es en vacances. Mais on sait aussi que tu enverras des signaux, parce que cette équipe, tu ne l’as jamais quittée tout à fait. Et si un jour tu as envie d’un nouveau chapitre, sache qu’ici, on t’attendra.
Joran, Sander
On parle souvent des simples, mais la Coupe Davis est aussi une affaire de duos, de complicité. Joran et Sander, vous êtes ces hommes de l’ombre devenus lumière. Toujours là, toujours fiables, toujours soudés malgré votre séparation professionnelle. Vous avez gagné des points que personne n’osait promettre. Vous êtes le cœur silencieux de cette équipe.
Alexander
Et puis il y a Alexander. Si jeune, si grand déjà, comme tu l’as signalé aux journalistes français hier J Une promesse, un futur qui commence à se mêler au présent. Un gamin qui apprend au contact des autres et qui, un jour, racontera ses premiers pas en Coupe Davis avec émotion.
À vous tous.
Vous n’êtes pas seulement une équipe. Vous êtes une continuité, une chaîne de destins, de larmes, de joies, de matches gagnés et perdus.
La France mène 6-3. La Belgique n’a plus gagné depuis 1997. Et alors ?
Le tennis n’en a cure de ces statistiques. Comme moi, d’ailleurs, même si l’histoire du tennis belge me passionne.
Nous, on ne vous demande pas l’impossible. On vous demande du cœur, du courage, de l’humanité. Ce que vous avez toujours donné.
Alors allez-y. Jouez. Osez. Tombez s’il le faut et relevez-vous.
Parce qu’en Coupe Davis, rien n’est impossible. Vous l’avez tant de fois démontré.
Parce que vous jouez pour un héritage. Pour un rêve. Et parce que sans rêve, à quoi cela servirait-il de jouer?
On vous soutient. On sera là.
Je serai là, fier de vous, comme depuis….
